Déclaration liminaire non-​lue du CDEN du 9 février 2024

Le 1er février puis le 6 février les personnels de l’éducation nationale se sont mobilisés.
Ils et elles seront de nouveau en grève le 26 février.
La colère est grande chez les personnels. Leurs salaires sont trop bas et elles et ils rencontrent des difficultés à exercer leur métier dans une école qui elle même cumule de graves difficultés.
Le ministère de l’éducation nationale ne peut s’entêter dans sa politique antisociale contre les personnels et le service public d’éducation.
Les conditions d’études des élèves et les conditions de travail des personnels sont dégradées par les réformes successives et le manque chronique de moyens.
Dans notre département, les élèves se retrouvent plusieurs semaines de classe sans enseignant et sans apprentissages. La priorité étant devenue de les «accueillir » au lieu de respecter leurs droits à l’enseignement et à l’accès aux apprentissages.
Cette situation décrédibilise le service public de l’éducation nationale dans notre département.
A ces conditions de travail dégradées et ces classes surchargées pendant plusieurs semaines avec les élèves des enseignant.e.s non remplacé.e.s s’ajoute le légitime mécontentement des familles qui comprennent difficilement que l’enseignant.e de leur enfant dont le congé maternité est annoncé depuis plusieurs mois ne soit toujours pas remplacé au bout de deux, trois semaines voir un mois ou que le remplaçant annoncé la veille après plusieurs jours non remplacés, ne soit pas présent le lendemain parce qu’il ou elle est lui même malade ou encore est en fait affecté sur un autre congé et donc indisponible.
Les personnels assurent leur missions dans des conditions impossibles sous une pression permanente alimentée par les errements de la nouvelle ministre qui à peine arrivée, s'est illustrée par son dénigrement de l'école publique et de ses agent.e.s en faisant peser sur elles et eux le manque de moyens de remplacement et sa conséquence supposée :la fuite des élèves vers l’école privée.
Il est difficilement admissible d’être rendu comptable du manque moyens quand on en subit les conséquences sur le terrain au quotidien et ce depuis plusieurs années.
La ministre feint d’ignorer au passage, que la responsabilité de cette situation désastreuse est le fait du gouvernement auquel elle appartient qui a supprimé 8000 postes depuis le début de ses mandatures.
Par ailleurs, l’apologie par la ministre de l'enseignement privé réactionnaire, notamment à Stanislas, de la
Les personnels de l’éducation nationale qui assument leurs missions de service public sans moyens à la hauteur des besoins ne peuvent être les boucs émissaires de choix avant tout politiques et idéologiques comme l’est celui de l’enseignement privé confessionnel catholique largement financé par l’argent public .
Car rappelons le, les établissements privés accueillent un nombre infime d’élèves défavorisés et 2 fois plus d’élèves favorisés que les établissements publics en étant financés à hauteur de 10 milliards d’Euros par an par les collectivités locales et l’état.
Les résultats de l’enquête PISA 2022 ont montré que le nombre d’élèves de 15 ans scolarisés dans des établissements privés avait augmenté de 5,2 points : de 16,4% en 2018 à 21,6% en 2022. Cette hausse est extrêmement inquiétante quand on sait à quel point l’enseignement privé est responsable du manque de mixité sociale. En finançant le privé, l’Éducation nationale organise et finance la ségrégation scolaire : lorsqu’un collège favorisé est situé près d’un établissement défavorisé, dans 85% des cas c’est un établissement privé.
L’enseignement privé est responsable du manque de mixité sociale, et participent des inégalités scolaires et sociales et de la baisse du niveau.
C’est pourquoi, SUD éducation réaffirme sa revendication de nationalisation des écoles privées à 96% catholiques et le transfert des personnels dans l’école publique.
La question du financement de l’enseignement privé par de l’argent public dans un contexte où le service public d’éducation manque cruellement de moyens est exacerbée dans un département comme la Seine Saint Denis qui cumule les difficultés et les inégalités qui vont de l’accès aux droits à la santé en passant par le logement jusqu’à l’éducation...
Dans un département où le manque de moyens alloués par l’état s’ajoute à l’insuffisance de moyens alloués par les collectivités territoriales avec les 2/3 des bâtiments scolaires qui accueillent des élèves sont mal équipés, en mauvais état, avec des locaux et des espaces inadaptés, mal isolés, mal entretenus et vétustes, les réponses et les financements ne sont pas à la hauteur des besoins.
Et ce n’est pas en mettant des uniformes aux élèves, cette vieille lanterne réactionnaire dont se réjouit l’extrême droite, qu’on va gommer comme par magie les inégalités sociales et trouver des remplaçant.e.s.
A ce propos, il est quand même assez étonnant que la municipalité d’Aubervilliers qui s’est portée candidate pour cette expérimentation, n’aient pas daignée consulter les équipes enseignantes des écoles qu’elle a choisi pour lancer cette réforme.
Celles-ci se retrouvent à présent, sommées de mettre en place des règlements pour sanctionner les élèves qui ne porteraient pas l’uniforme. On va donc exclure des élèves pour non port de l’uniforme, présenté comme le soit disant remède aux inégalités. C’est inadmissible !
Nous refusons cette école des inégalités et du tri social.
C’est pourquoi l’intersyndicale du 93 et les personnels du département avec les parents d’élèves se mobilisent appellent à une véritable plan d’urgence pour le 93 parce que :
Il est urgent de créer 2000 postes d’enseignant.e.s ;
Il est urgent d’avoir des remplaçant.e.s
Il est urgent de baisser les effectifs par classe à 20 élèves.
Il est urgent d’avoir des pôles médico-sociaux renforcés.
Il est urgent d’avoir des enseignant.e.s spécialisés à la hauteur des besoins
Il est urgent d’avoir des AESH et de véritables moyens pour accueillir les élèves en situation de handicap.
Il est urgent d’avoir des locaux en bon état, isolé et à la taille humaine et adaptés aux élèves.
Voilà ce dont notre école a besoin.
Face à cette situation les seules réponses politiques sont celles du nivellement et du tri sociale avec le bien mal nommé choc des savoirs au collège qui dessine les contours d’une École passéiste et conservatrice.
A force de reprendre en chœur le programme de l’extrême droite pour l’école et pour l’ensemble de la société, le gouvernement rend ses idées acceptables et entache notre démocratie.
L’école n’a certainement pas besoin de ce plan de communication “Choc des savoirs” dont le titre cache mal une addition de mesures mal ficelées et démagogiques et d’une énième réforme au collège. Le ministère de l’Éducation nationale s’est employée à faire de l’hétérogénéité des classes un problème, comme prétexte pour sortir les élèves trop “mal-apprenants” des classes. Mais, ce n’est pas l’hétérogénéité des classes qui est un problème, et encore moins les élèves les plus en difficultés. Au contraire, c’est l’absence de moyens pour accompagner ses élèves dans leur scolarité qui est problématique.
On observe dans les collèges que les moyens alloués pour mettre en œuvre les groupes de niveau sont très insuffisants pour appliquer cette réforme. Les heures allouées aux dispositifs d’aide aux élèves en difficulté sont baissées pour être réinjectées dans les groupes de niveau. L’Éducation nationale a fait le choix de déshabiller des dispositifs d’aide qui fonctionnent pour créer des groupes de ségrégation scolaire.
Cette mise en place à marche forcée est d’une grande violence pour nos collègues qui voient leur identité professionnelle niée.

Sud éducation revendique, l’arrêt de cette énième réforme du collège, qui, en plus d’être profondément inégalitaire, aggravera les conditions de travail des personnels dans les collèges.
SUD éducation appelle les personnels à refuser de trier les élèves et à se mettre massivement en grève le 26 février.
Si la ministre refuse de mettre sur la table les dossiers prioritaires de l’Éducation nationale, à savoir : de meilleurs salaires, de meilleures conditions de travail et un vrai statut pour les personnels AESH, alors les personnels sauront se mobiliser dans la durée, avec détermination, pour arracher des victoires.