Situation inquiétante d'un jeune isolé collège Pablo Neruda (Stains, 93).
Depuis septembre 2022, cet élève de nationalité ivoirienne a été scolarisé dans le dispositif UPE2A (Unité Pédagogique pour Elèves Allophones nouvellement Arrivés), niveau
3ème, dans le collège Pablo Neruda de Stains (Seine-Saint-Denis, 93).
Pris en charge par l'ASE (Aide Sociale à l'Enfance), ce jeune a d'abord obtenu le statut de mineur isolé ce qui lui a permis d’être logé dans un foyer. Selon son document d’identité, il vient d'avoir 16 ans mais sa minorité est rapidement contestée par l’ASE ; cette première évaluation, sans fondement objectif, est faite à partir d’un simple récit de vie.
Le comportement de notre élève, tant dans ses rapports aux adultes et à ses camarades, que dans ses démarches d’orientation (recherche de stage de 3ème, rédaction d’un C.V. et d’une lettre de motivation) témoigne de manière évidente qu’il est bien un adolescent qui cherche à progresser dans sa scolarité. Pourtant, de manière insensée, cette première évaluation a estimé son âge à 30 ou 40 ans.
Après plusieurs audiences, une expertise non approfondie de son document d'identité et une évaluation de son récit de vie, l'ASE a ainsi demandé une main-levée rapide de la mesure de placement ; autrement dit, il se retrouve expulsé du foyer et sans aides financières du jour au lendemain, le 16 février. Pourtant, ce jeune peut encore faire un nouveau recours à ce jugement, mais aucune prise en charge n’est prévue ; il se retrouve sans ressources alors que rien ne prouve aujourd’hui qu'il est majeur.
Le cas de cet élève n’est hélas pas exceptionnel en Île-de-France. Quotidiennement, de jeunes étrangers se retrouvent privés d’informations sur leurs droits : ils ne savent souvent pas qu’ils ont encore la possibilité de faire appel, même après la fin de la prise en charge par l’ASE. En mai dernier, un article paru dans le journal “Le Monde” relayait la demande d’une soixantaine d’associations d’aide, pour que soit adoptée une loi assurant le “respect de la présomption de minorité “ qui permettrait de continuer la prise en charge de ces jeunes durant leurs démarches de recours, démarches qui peuvent durer des mois.
En tant que membres de la communauté pédagogique, nous soutenons notre élève et nous estimons que celui-ci a le droit d'apprendre dans des conditions décentes : il a besoin d'un toit et de pouvoir se nourrir. Or, depuis le début des vacances scolaires (16 février), en plein hiver, on lui a demandé de quitter son foyer de placement alors qu’il est sans aucune ressource. Cette décision a également eu un impact alarmant sur son état psychologique, qui ne lui permet pas de faire seul ses démarches, même s’il souhaite faire appel de la décision de justice.
Une cagnotte solidaire a été lancée par un collectif d'AED et de professeur.e.s pour qu'il ne se retrouve pas à dormir dans la rue. Des personnel.les syndiqué.e.s (Sud, SNES et CGT) et non syndiqué.e.s, soutiennent également ces actions solidaires. Plus largement, de nombreux.ses personnel.les (AED, AESH, professeur.e.s, personnel.les ATOS, CPE) font des dons de première nécessité comme des habits, des couvertures, de la nourriture ou des produits d'hygiène.
Dans l'attente que son statut soit régularisé (des démarches sont en cours) nous demandons que cet élève soit hébergé de manière urgente et qu'il puisse bénéficier d'une aide pour du matériel de première nécessité ainsi que du matériel scolaire. D’un point de vue plus général, nous nous alignons sur les revendications des associations et des syndicats qui réclament une réforme profonde de la politique gouvernementale d’accueil et d’aides aux jeunes migrants (Médecins du Monde, Syndicat de la Magistrature, CIMADE, Utopia 56, etc.).
AED, AESH, personnels ATOS, CPE, professeur.e.s du collège Pablo Neruda de Stains qui soutiennent ce jeune isolé - collectif de soutien à un jeune isolé collège (Pablo Neruda Stains
