Répartition de la DHG au collège Diderot d’Aubervilliers, une pièce exclusive, en quatre actes

Avec des rebondissements, de la lutte, de l’intimidation, des grèves, des tensions, du collectif, de la détermination, des textes de loi, des syndicats et ...

... la victoire finale !

Prologue :

Janvier, dans un collège REP de Seine-Saint-Denis. La direction du collège présente aux personnels une répartition de la Dotation Horaire Globale (DHG) pour la rentrée 2022. Cette DHG prévoit de faire partir 6 enseignant·es en complément de service dans d’autres établissements en septembre. Or, dans 4 disciplines il y a pourtant suffisamment d’heures à faire sur place...Pourquoi les envoyer faire des heures ailleurs ? Pour imposer aux équipes en place de combler ces services non faits en heures supplémentaires et satisfaire ainsi les exigences d’économies dictées par le ministère, par l’intermédiaire du recteur. Plus il y a d’heures supplémentaires, moins on embauche d’enseignant·es. En 5 ans, ce sont près de 8000 postes qui sont ainsi supprimés nationalement !

Acte I :

Les collègues du collège ne se laissent pas abattre par une telle pratique politique qui fragilise les équipes et les projets mis en place, et dégrade les conditions d’apprentissage des élèves et les conditions de travail des enseignant·es. Elles et ils font grève massivement, vont sous les fenêtres de la DSDEN (et y sont reçu·es avec mépris sur le trottoir), signent un courrier de refus d’être professeur·e principal·e... Ils et elles et sauvent ainsi 2 des 4 postes injustement menacés en obtenant en mai la transformation de 11 heures supplémentaires (HSA) en 11 « heures poste ». Alors qu’aucun temps de travail sur la DHG n’est réellement proposé par la direction, les collègues se réunissent sur leur temps libre, sondent l’ensemble de l’équipe, discutent, débattent, et élaborent une répartition fonctionnelle, qui respecte les projets del’établissement, le nombre d’heures allouées, et bien entendu le nombre d’heures supplémentaires en actant que 2 enseignant·es iront faire un complément de service ailleurs.

Acte II :

Au mois de juin, les représentant·es des enseignant·es présentent cette répartition en conseil d’administration, malgré le refus initial (et non justifié au vu des textes de loi) de la principale. Suite au vote, le conseil d’administration adopte cette répartition. L’affaire devait donc s’arrêter là, sur une demi-victoire, une demi-défaite, un choix d’équilibre pragmatique, dans l’intérêt du service et des élèves.

Acte III  :

Mais la direction du collège Diderot ne l’entend pas de cette oreille : 1 des compléments de service sur les 2 créés pour imposer des heures supplémentaires ne lui convient pas, car il n’est pas donné à l’équipe qu’elle a choisie. Elle souhaite coûte que coûte maintenir les compléments de service sur les disciplines qu’elle a décidé, sans les adapter au vote du CA, ni l’intérêt du service. A-t-elle des arguments pour justifier cet entêtement ? Un jour elle souhaite éviter les compléments de service pour les nouveaux enseignant·es. Mais le lendemain, elle en crée pour des néo-titulaires, ou pour des enseignant·es qui viennent juste de finir leur 1ère année de titulaire dans le 93. Un jour la direction explique que les couplages avec les autres établissements sont déjàfaits et ne peuvent plus bouger. Mais le lendemain, ils ont finalement bougé. Un jour elle doit privilégier la proximité des établissements accueillant les collègues. Mais elle ne donne pas les informations permettant de vérifier cette fameuse proximité, et crée des couplages très lointains pour certaines disciplines. Un autre jour, il s’agit d’une décision du recteur, donc elle n’y peut rien... La plupart du temps, elle tente d’expliquer de manière confuse mais autoritaire que la réglementation est ainsi faite, et que les personnels n’ont rien à dire. Surtout, elle semble prête à ne pas respecter le vote du CA et l’assume : elle exerce des pressions sur certain·es enseignant·es pour les pousser à accepter plus que les 2 HSA imposables, et sur d’autres pour prendre le complément de service, y compris ceux à qui elle avait annoncé un mois avant qu’ils n’en n’auraient finalement pas ! Les collègues en lutte depuis des mois ne comptent pas en rester là.

Une lettre est alors rédigée à l’attention du Recteur et de la DSDEN pour alerter sur le non-respect du vote du CA.

Acte IV :

Coup de théâtre ! La DSDEN finit par annoncer à la direction, 8 jours après le vote en CA, la transformation de 4 HSA en heures postes, rendant ainsi caduque la nécessité de recourir à un complément de service pour des collègues qui n’enseignent pas dans disciplines en« sous-service ». Le vote de la DHG pourra donc bien s’appliquer comme prévu.

Épilogue :

Grâce à la pugnacité et à la connaissance des textes réglementaires des enseignant·es syndiqué·es et mobilisé·es du collège, ce sont donc plus de 15h supplémentaires (HSA) qui ont été transformées en heures postes sur la DHG 2022, et des compléments de services injustifiés qui sont supprimés. Preuve que la lutte paye quand le collectif se construitet s’oppose sur le temps long et contre vents et maréesaux exigences d’économies d’un ministère, quimalmène autant les équipes que les élèves !

Les 4 heures postes allouées au collège Diderot sont un ajustement nécessaire au respect des conditions detravail et de vie personnelle des collègues. Ces heures ne sont pas un « cadeau » , mais plutôt en réalité un des ajustements permis à l’échelle départementale : quand certains établissements absorbent finalement plus d’HSA que prévues, les objectifs restent alors largement atteints pour l’administration. Obtenir un peu de souplesse pour tenir compte des situations individuelles et ne pas traiter collègues et élèves comme de simples variables d’un tableur est un souci légitime que nous continuerons de défendre sans relâche ! Dans le mail adressé aux personnels du collège annonçant cette victoire de la lutte, la direction a d’ailleurs déploré l’inégalité créée avec les autres établissements du département. Mais si dans le même temps elle accuse les personnels en lutte de « vouloir tout pour eux », nous invitons plutôt tous les collèges à s’unir, à s’organiser, et à lutter ensemble dès le mois de septembre pour obtenir les moyens qu’on nous doit, et dont nos élèves ont besoin !

Communiqué publié par les sections syndicales SNES et SUD éducation du collège Diderot, Aubervilliers