La DILCRAH doit protéger les jeunes trans

Le Conseil scientifique de la DILCRAH (Délégation Interministérielle à la Lutte Contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Haine anti-LGBT) est présidé par Smaïn Laacher, alors même qu’il participe à « l’Observatoire de la petite sirène », une structure fondée dans le sillage de la Manif pour tous.

L’objectif de cette dernière est de répandre dans le débat public et auprès des responsables politiques des fausses informations sur la transidentité, stigmatiser les jeunes trans et les familles qui les soutiennent, défendre les « thérapies de conversion » pour les personnes trans. Aux États-Unis, une telle pratique à amener la revue scientifique PLOS One à publier une étude biaisée servant des paniques morales transphobes sur une supposée « épidémie de personnes trans » avant de s’excuser et de publier un correctif.

Les sciences sont donc particulièrement visées par cette offensive transphobe et une administration comme la DILCRAH ne peut l’ignorer. Il est donc dangereux que le président du conseil scientifique d’une institution en charge notamment de lutter contre la transphobie contribue par ailleurs à apporter une caution universitaire à des croisades transphobes dont on voit les conséquences aux États-Unis : thérapies de conversion, exclusion de l’école et des soins de jeunes trans, répression des familles qui soutiennent leur enfant trans, etc.

Signalé en mai 2021 par l’association ACCEPTESS-T, ce grave problème a été ignoré de la DILCRAH et du gouvernement pendant un an. Un récent article de Mediapart et la démission de la sociologue Karine Espineira du comité scientifique le mettent à nouveau au premier plan, alors que les agressions transphobes rapportées à SOS Homophobie sont en hausse, et que plusieurs suicides d’élèves trans ont fait la Une de l’actualité ces dernières années.

Dans un récent communiqué diffusé sur Twitter, la DILCRAH minimise le problème en rappelant que son conseil scientifique n’a pas de pouvoir de décision. Elle nie donc que la participation de Smaïn Laacher à des croisades transphobes et obscurantistes peut déformer la qualité de l’éclairage que le conseil scientifique doit apporter à l’action publique. Et la DILCRAH apporte du crédit à l’Observatoire puisqu’elle estime qu’y participer n’est pas incompatible avec les missions qu’elle porte.

Ce confusionnisme n’est pas acceptable. La DILCRAH doit y mettre fin et se doter d’un conseil scientifique digne de la mission qu’elle porte, faire des enfants trans sa priorité, et lutter contre la transphobie dans les faits.

Sud éducation 93 demande la démission Smaïn Laacher et revendique une politique ambitieuse de prévention, d’accompagnement et d’accueil des jeunes trans.