Manifestation contre le projet de loi immigration de Darmanin

Quand

29 avril 2023 
14h00 

Place de la République
Place de la République, Paris 

https://solidaires.org/sinformer-et-agir/actualites-et-mobilisations/nationales/ucij-2023-non-a-limmigration-jetable-continuons-la-mobilisation/

Le col­lec­tif Uni.e.s Contre l’Immigration Jetable (UCIJ 2023) s’oppose à la poli­tique dis­cri­mi­na­toire du gou­ver­ne­ment, fon­dée prio­ri­tai­re­ment sur le soup­çon et la répres­sion en matière de migra­tion et d’asile. Il reven­dique une poli­tique migra­toire d’accueil digne et le res­pect des droits de toutes et tous.

Le pro­jet de loi sur l’asile et l’immigration annoncé par le gou­ver­ne­ment à l’été 2022 s’inscrit dans une sur­en­chère dis­cri­mi­na­toire à l’encontre des per­sonnes de natio­na­lité étran­gère, quel que soit leur statut.

Porté par les ministres de l’Intérieur Gérald Darmanin et du Travail Olivier Dussopt, ce pro­jet ren­force la double logique uti­li­ta­riste et répres­sive qui oriente déjà les poli­tiques et les pra­tiques des ins­ti­tu­tions, au mépris des droits les plus fon­da­men­taux des per­sonnes étran­gères. C’est pour lut­ter contre cet énième pro­jet de loi que le col­lec­tif « Uni.es contre l’Immigration jetable » a été réac­tivé en jan­vier 2023, en écho à la cam­pagne de 2006 contre une pré­cé­dente réforme du Ceseda (loi Sarkozy II). Près de 400 asso­cia­tions, col­lec­tifs de per­sonnes concer­nées, syn­di­cats, mou­ve­ments et par­tis, tant au niveau natio­nal que local, ont adhéré à l’appel « Uni.es contre l’immigration jetable. Pour une poli­tique migra­toire d’accueil ».

Au-​delà du volet répres­sif extrê­me­ment dan­ge­reux du pro­jet de loi (sys­té­ma­ti­sa­tion et faci­li­ta­tion des mesures d’expulsion du ter­ri­toire et d’interdiction de retour, ren­for­ce­ment de la double peine, etc.), c’est à un ensemble de droits que le gou­ver­ne­ment s’attaque : pré­ca­ri­sa­tion de l’accès au séjour, à l’asile, au regrou­pe­ment fami­lial et aux droits sociaux y com­pris pour des per­sonnes étran­gères par­fai­te­ment ins­tal­lées sur le ter­ri­toire et béné­fi­ciant de titres de séjour de longue durée. Quant au titre de séjour « métiers en ten­sion », qui limite la régu­la­ri­sa­tion par le tra­vail, il témoigne d’une approche uti­li­ta­riste et ne donne aucune garan­tie, ni contre l’arbitraire du patro­nat et de l’administration, ni pour un accès aux droits que devrait per­mettre une réelle régu­la­ri­sa­tion, ni pour une prise en compte du pro­jet migra­toire des per­sonnes concer­nées. Le texte a encore été durci avec l’adoption en com­mis­sion au Sénat d’amendements indignes, pour notam­ment sup­pri­mer l’aide médi­cale d’État, res­treindre l’accès au séjour en matière de regrou­pe­ment fami­lial, de santé tout comme pour les étudiants.

Ce pro­jet de loi que le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, enten­dait faire adop­ter avant l’été, a été retiré de l’agenda dans un contexte de forte mobi­li­sa­tion contre la réforme des retraites et de contes­ta­tion des poli­tiques du gou­ver­ne­ment tant du point de vue social que démo­cra­tique. Mais nous ne nous y trom­pons pas. Emmanuel Macron a affirmé le 22 mars 2023 qu’il y aurait bien une loi immi­gra­tion, « décou­pée en plu­sieurs textes qui arri­ve­ront dans les pro­chaines semaines ». Il ne faut donc pas bais­ser la garde.

Pour l’UCIJ, le com­bat conti­nue contre les mesures conte­nues dans ce pro­jet, quelle que soit la forme sous laquelle elles peuvent reve­nir, et au-​delà pour une autre poli­tique migra­toire basée sur l’accueil et l’égalité des droits. Nous lut­tons contre la vision xéno­phobe et déshu­ma­ni­sante des migra­tions, contre toutes les mesures arbi­traires visant les per­sonnes migrantes, contre la néga­tion de leurs droits les plus fon­da­men­taux. De ce monde-​là, l’UCIJ ne veut pas. Nous devons plus que jamais unir nos forces : pour­sui­vons la mobi­li­sa­tion, mul­ti­plions les ini­tia­tives col­lec­tives et soli­daires qui naissent un peu par­tout pour infor­mer, inter­pel­ler et construire une véri­table citoyen­neté de rési­dence. Nous disons NON à l’immigration jetable !

L’opération Wuambushu pré­vue à Mayotte à par­tir du 21 avril (à la fin du Ramadan) nous pré­oc­cupe tout par­ti­cu­liè­re­ment. Cette « action spec­ta­cu­laire » de des­truc­tions de bidon­villes et d’expulsions mas­sives pro­mise par Gérald Darmanin annonce de mul­tiples vio­lences et atteintes aux droits. Les des­truc­tions visent 5 000 per­sonnes dans 1 000 « ban­gas », soit 10 % des habi­tats en tôles dans les­quels vit la moi­tié de la popu­la­tion de Mayotte. Au nom de la lutte contre « l’immigration irré­gu­lière », il s’agira de ren­for­cer les arres­ta­tions et les expul­sions vers les autres îles de l’archipel des Comores, avec un objec­tif de 250 – 280 inter­pel­la­tions par jour (contre 80 actuel­le­ment) ! Des ren­forts poli­ciers seront envoyés de France hexa­go­nale pour mener à bien cette opé­ra­tion. La situa­tion est déjà cri­tique à Mayotte, 101ème dépar­te­ment fran­çais : 86% des demandes d’asile sont reje­tées, et des mesures d’exception sont la règle. Malgré plu­sieurs condam­na­tions de la Cour euro­péenne des droits de l’Homme, des mil­liers d’enfants sont enfer­més en centres et locaux de réten­tion admi­nis­tra­tive (CRA et LRA). Rappelons qu’on estime à plus de 20 000 le nombre de per­sonnes ayant perdu la vie en ten­tant la tra­ver­sée entre les autres îles de l’ar­chi­pel et Mayotte depuis 1995, année de l’entrée en vigueur du « visa Balladur » (qui res­treint la cir­cu­la­tion vers Mayotte depuis le reste de l’archipel des Comores). Aujourd’hui, Mayotte sert de labo­ra­toire du recul des droits, où le ministre Darmanin expé­ri­mente à loi­sir des mesures dis­cri­mi­na­toires. Face au drame qui s’annonce, nous appe­lons à la mobi­li­sa­tion col­lec­tive pour aler­ter sur la situa­tion à Mayotte et exi­ger l’abandon de l’opération Wuambushu.