Communiqué des enseignants mobilisés du lycée Mozart en lutte – POURQUOI PAS NOUS ?

La situation au lycée Mozart ne va toujours pas. Voilà bientôt deux ans que ses enseignants alertent régulièrement leurs autorités de tutelle – ministère, rectorat de Créteil et DSDEN de Bobigny – sur les graves dysfonctionnements liés à la gestion toxique et chaotique du proviseur qui a été placé à la tête de l'établissement par le recteur en personne en septembre 2021.
Depuis bientôt deux ans, les enseignants et les élèves du lycée Mozart ont vu et continent de voir leurs conditions de travail se dégrader. Les alertes sur ce management brutal et inopérant s'accumulent sans aucune réaction des autorités. Pour rappel, liste non exhaustive :
deux signalements de la médecine préventive de la DSDEN (le premier fin 2021, le second début 2022) ;
une visite et un rapport accablant du CHSCT départemental en 2022 ;
plus d'une vingtaine de saisines déposées par ce même CHSCT ;
une plainte de parents d'élève pour mise en danger de la vie de mineurs déposée au commissariat du Blanc-Mesnil fin 2022 ;
une pétition signée par une écrasante majorité des professeurs pour demander le remplacement du proviseur, remise fin 2022 lors d'une audience au rectorat ;
deux signalements au procureur de la République de Bobigny au titre de l'article 40 du Code de procédure pénal ;
une « mission d'évaluation de la situation » composée d'inspecteurs pédagogiques nommés par le recteur début 2023 pour laquelle aucun rapport écrit ne nous a été communiqué et qui n'a fait, au final, que conforter le proviseur dans son action...

Les syndicats, réunis en intersyndicale de soutien aux personnels en souffrance du lycée Mozart, ainsi que leurs représentants aux niveaux départemental et académique ont plusieurs fois demandé et continuent de demander le remplacement du proviseur. Deux ans plus tard, la direction n'a pas changé ses méthodes et les effets catastrophiques de
son management sur la communauté éducative n'ont pas cessé. Les personnels et les élèves ont travaillé toute cette année avec des emplois du temps qui ne
respectent pas le règlement intérieur de l'établissement pourtant voté en CA. Certains élèves et certains professeurs n'avaient certains jours qu'une demi-heure à peine pour se restaurer.
Des collègues, placés en arrêt maladie par leur médecin depuis plusieurs mois pour des raisons liées à la dégradation des conditions de travail, ne sont toujours pas revenus. Régulièrement, des collègues sont contraints de s'arrêter. Nombreux sont les collègues qui appellent encore la médecine préventive pour exprimer leur détresse.
Des collègues en arrêt longue durée ne sont pas remplacés, notamment en spécialité de Terminale, et les élèves n'ont pour certains pas eu cours de l'année ou à peine et ont été dans l'incapacité de préparer correctement leurs épreuves écrites et de grand oral. Pourquoi personne ne s'en préoccupe alors que cette question des remplacements a été posée à plusieurs reprises en CA par les parents et les professeurs ? En conséquence, les résultats aux épreuves de spécialités du bac sont dans leur ensemble très inquiétants. Les élèves comme les professeurs attendent avec anxiété les résultats du tri sur Parcoursup.
Pourtant, au dernier Conseil d'administration qui s'est tenu le 20 avril, le proviseur n'a pris en compte aucune de ces inquiétudes et a préféré comme d'habitude user de la provocation et du dénigrement :

il a réaffirmé que la loi l'autorisait à contraindre les enseignants à remplir des missions de professeur principal sans être rémunérés ;
il a déclaré que le registre santé et sécurité au travail (RSST) était « détourné de sa fonction première » par les personnels ;
il a justifié devant tout le monde le fait d'avoir traité de « zouaves » des parents d'élèves en citant le capitaine Haddock ;
il a une nouvelle fois discrédité le travail du CHSCTD qui était venu enquêter sur la gestion de l'établissement ;
il a réitéré ses accusations d'intrusion dans le lycée contre deux professeurs ;
il a continué de minimiser la dégradation de l'ambiance de travail : depuis des mois, la direction est alertée régulièrement sur le chahut qui règne dans les couloirs pendant les
cours. Des alertes et des signalements sont également faits sur des classes difficiles. Face aux sollicitations des professeurs qui s'inquiètent pour la sécurité et le sérieux du travail scolaire, le proviseur répond que ce chahut est simplement dû à « l'ambiance de fin d'année »...

Force est de constater pourtant que cette dégradation des conditions de travail a porté atteinte aux bons rapports entre professeurs et élèves qui prévalaient au lycée Mozart jusqu'en 2021. Les incidents continuent de se multiplier. Un sentiment d'impunité s'est résolument installé chez de nombreux élèves qui ne peuvent que constater que la direction ne soutient pas l'autorité des enseignants et ne prend pas au sérieux les problèmes de discipline et la baisse générale du niveau scolaire. Il y a quelques jours encore, un samedi matin, des professeurs ont été pris à parti par des élèves au cours d'un devoir sur table.

Monsieur le recteur, vous avez récemment déclaré devant la presse que les personnels de direction de deux collèges du Val-de-Marne dont le management posait manifestement problème vont être remplacés dans l'intérêt des équipes éducatives et des élèves (article paru dans Le Parisien, du 10 mai 2023). Depuis bientôt deux ans, les enseignants du lycée Mozart vous alertent sur des dysfonctionnements qui les font souffrir et qui nuisent à l'apprentissage de leurs élèves.
Alors, pourquoi pas nous, monsieur le recteur ?
Nous voudrions nous aussi pouvoir, comme nos collègues après le départ de leur principal, tenter de « reconstruire tout ce qui a été détruit et reprendre nos missions, nous concentrer sur nos pédagogies. »