Pédagogies alternatives et syndicalisme : résister c’est créer, partageons nos pratiques !

Lundi 18 et mardi 19 janvier 2016 à la maison des syndicats de Créteil (11-13 rue des archives, métro Créteil Préfecture).
Demande de stage à déposer avant le 18 décembre !

Résister, c’est créer ? Que faire de ce cri, emprunté à Miguel Benasayag, dans un stage syndical consacré aux pédagogies alternatives ?

Aujourd’hui plus qu’hier, donner sens à nos métiers (de celui d’enseignant à celui d’agent technique), dans une visée émancipatrice, est une des voies de résistance créatrice aux politiques managériales qui veulent adapter l’école aux besoins d’un marché du travail en voie de dérégulation.

Aujourd’hui comme hier, lutter efficacement contre une « réforme » passe sans doute par ce processus : s’interroger sur les intentions de celles et ceux qui l’imposent, puis dans un même mouvement s’opposer à ce qui aliène et proposer ce qui peut libérer, enfin inventer de nouvelles pratiques syndicales (comme le « tous pédagogues ! » pour dynamiter les projets de hiérarchisation des « conseils pédagogiques »). Autrement dit, si résister c’est créer, comprendre c’est inventer !

Essayons de voir plus loin : vouloir transformer ses pratiques, vouloir maîtriser de A à Z la création d’un collège, vouloir créer un collectif de travail avec toutes les parties prenantes de la société scolaire, cela ne passe-t-il pas nécessairement par un double pouvoir sur les moyens : pouvoir syndical pour exiger les moyens que l’Etat doit nous donner, pouvoir pédagogique sur les moyens qu’on peut se donner ?


Lundi 18 janvier
9h - Accueil et inscription aux ateliers
9h15 - Plénière sur l’évaluation
- Intervenants
- Partage d’expériences de classe
- Débat
10h30 - Pause
10h45 - Ateliers 1
12h45 - Repas partagé
14h30 - Ateliers 2
16h30 - Troc de trucs

Mardi 19 janvier
9h - Accueil et inscription aux ateliers
9h15 - Ateliers 3
11h15 - Pause
11h30 - Ateliers thématiques et autogérés sur l’évaluation... ou sur tout autre chose !
12h30 - Repas partagé
14h15 - Plénière : « Qui veut la peau des pédagos ? » Intervenants et débat
- Les pédagogies réactionnaires
- La pédagogie et le mouvement ouvrier
- Droits syndicaux, répression et hiérarchie : stratégies de défense et d’offensive
15h30 - Troc de trucs


Les ateliers

  • Pratique personnelle artistique
  • Débuter en pédagogie Freinet par le texte libre (Freinet)
  • Les institutions d’une classe Freinet : le quoi de neuf, le conseil… (Freinet)
  • L’organisation spatio-temporelle d’une classe de maternelle en pédagogie Freinet (Freinet)
  • Le travail dans la pédagogie
  • Des semaines interdisciplinaires en collège
  • Les conseils d’élèves dans le secondaire (Pédagogie institutionnelle)
  • Construire un collectif de travail entre adultes (collectif pour un collège coopératif et polytechnique à Aubervilliers)
  • Le jeu dans les apprentissages (GFEN)
  • Développement durable, développement impossible (GFEN)
  • Devenir chercheur-euse en grammaire (GFEN)
  • Pédagogie anti-sexiste

Ces ateliers seront animés par des militant-e-s pédagogiques et syndicaux. Chaque atelier aura lieu deux fois.


Bibliothèque du stage :
Une bibliothèque collective sera mise en place. N’hésitez pas à y participer en amenant vos ouvrages de référence.

Troc de trucs :
Un espace sera ouvert durant tout le stage pour partager nos documents, notre matériel de classe. Des ordinateurs seront disponibles, amenez votre clé USB !

Repas partagé le midi :
Amenez vos spécialités, ou un peu d’argent pour les courses collectives qui auront lieu dans la matinée.


Descriptifs des plénières et des ateliers (complétés au fur et à mesure)

Plénière - L’évaluation

« Penser l’évaluation (dispositif de pouvoir, mécanismes de subjectivation, enjeux, alternatives) est l’un de nos grands défis. Et dans cette pensée (théorique et pratique), la critique ne suffit pas… » A. Del Rey

L’évaluation est l’un des chantiers ouverts par l’institution (après les rythmes, la réforme du collège, les nouveaux programmes...) : question des examens, des diplômes, des notes. C’est avant tout aujourd’hui un outil de tri social dans une société hiérarchisée.

Pour les enseignant-e-s qui réfléchissent à la fois sur comment mettre en œuvre une éducation émancipatrice et comment transformer la société se pose alors la question de savoir s’il faut évaluer (pourquoi ? pour qui ?) et si oui comment le faire « en maltraitant le moins possible les personnes ». Et comment prendre en compte dans nos pratiques d’évaluation les multiples contraintes : exigences institutionnelles, orientation et examens, pratiques des collègues, vécu des élèves et des parents,...

De nos jours, l’évaluation par notes est largement dénoncée. Le ministère appelle d’ailleurs de ses voeux un système alternatif d’évaluation par compétences, qui n’est en fait qu’un outil de mise en adéquation des pratiques éducatives avec les besoins du marché.

Nous devons alors relever ce défi : comment construire pragmatiquement et politiquement d’autres formes d’évaluations qui aillent dans le sens de l’autogestion, de l’émancipation des élèves ? S’il n’y a bien sûr pas de réponse unique, ni universelle, on se demandera :

  • Quelles dynamiques collectives pouvons-nous entrainer ?
  • Quelles revendications porter ?

Plénière - Qui veut la peau des pédagos ?

Où situer notre enseignement et notre intervention syndicale dans un contexte d’aggravation des inégalités sociales et par conséquent des inégalités scolaires et de progression des idées réactionnaires ? Cette plénière de clôture du stage tend à donner des outils de réflexion à faire émerger un débat sur le projet à la fois syndical et pédagogique que nous portons pour l’école. Nous reviendrons d’une part sur l’histoire commune des pédagogues et du mouvement syndical en interrogeant particulièrement la question de la formation qu’elle soit initiale, continue ou syndicale pour comprendre les débats qui traversent l’école aujourd’hui et pour partager les outils de lutte contre les discours réactionnaires qui s’abattent sur nous. Nous interrogerons d’autre part les exemples de répressions à l’encontre des militant-e-s syndicaux et pédagogiques afin de nous saisir des outils de lutte collective et de défense des droits qui participent de notre projet d’une école égalitaire et émancipatrice pour tou-te-s.

3 interventions :

  • quelle histoire commune pour les mouvements pédagogiques et le syndicalisme de lutte ?
  • entre discours institutionnel et discours réactionnaire : construisons notre projet pour l’école ;
  • pédagogues et syndicalistes attaqué-e-s : quels outils de lutte collective ?

Atelier - Pratique personnelle artistique

Autorisons-nous, à notre propre niveau, ce qu’on permet à nos élèves : Pratiquons !

"Défricher des domaines inconnus
Ne pas s’installer dans un système de savoir-faire
Accepter le hasard
Rompre avec le banal, le stéréotype, l’habituel, le fonctionnel
Exprimer sa pensée et ses émotions
Susciter l’émotion et la réflexion "
(être artiste, invariants du chantier arts et création de l’ICEM )

Matériel à libre disposition agrémenté de celui que tu auras apporté 😉

Atelier - Démarrer en pédagogie Freinet par le texte libre

Pratiquer le texte libre, c’est donner à chacun-e l’occasion de s’exprimer et de communiquer. Ecrit librement, en fonction des désirs de l’enfant, il n’est pas une rédaction à sujet libre ou imposé. Il peut faire l’objet de discussions, tout comme d’exploitation en étude de la langue.
L’organisation coopérative d’une classe Freinet permet l’accueil de cette libre expression.
Comment créer un espace sécurisé favorisant l’écoute, la discussion, la valorisation ? Comment publier les productions, dans quels espaces et sous quelles formes ? Comment impulser la créativité et veiller à l’épanouissement de chacun-e de 3 à 14 ans...

Atelier - Les institutions d’une classe Freinet

La pédagogie Freinet prépare les enfants d’aujourd’hui à être les adultes de demain ; elle a pour objectif d’émanciper les individus.

Cette émancipation se construira par un accueil bienveillant et constructif de l’expression de chacun-e : le quoi de neuf . Elle permettra et amènera a une forme d’auto-organisation de la classe : le conseil, institution fondamentale d’une classe en pédagogie coopérative.

LE QUOI DE NEUF
Espace d’ émergence de l’expression libre. Il permet à chacun-e de se faire connaître et reconnaître du groupe d’une part, et d’autre part d’impulser une démarche pédagogique qui prendra tout son sens en prenant appui sur le vécu des enfants.

LE CONSEIL
La richesse et la complexité des activités et des relations au sein de la classe coopérative nécessitent une organisation sociale réfléchie, la mise en place d’institutions qui répondent aux besoins identifiés par le groupe. Il est la structure instituante, le lieu d’échange de parole où, ensemble, les membres du groupe analysent les différents aspects de leur vie commune, confrontent leurs points de vue, prennent des décisions et en évaluent l’application.

Atelier - Organisation spatio-temporelle en maternelle

Où comment penser les classes des tout-petits, afin que les enfants d’aujourd’hui puissent devenir les acteurs de la société de demain...

L’ organisation d’une classe Freinet favorise :
L’autonomie

  • création d’espaces dédiés (configuration de la classe, emploi du temps...)
  • circulation et responsabilités (ceintures, métiers de classe...)
  • matériel et outils (le plan de travail, fichiers, ...)
  • la part de l’enseigant-e (classe multi niveaux, institutions...)

La maîtrise de l’expression

  • du quoi de neuf au conseil en passant par les présentations de travaux (de l’expression personnelle vers une organisation collective)
  • la communication avec les autres (messages clairs, journal de classe, correspondance scolaire)
  • les formes d’expression non verbales

La créativité

  • dessin, arts plastiques, bricolage
  • danse, musique
  • créations mathématiques, cahier d’écrivain

Autant de pistes qui pourront être présentées et discutées dans cet atelier de co-formation …

(N’hésitez pas à apporter des photos ou des travaux d’élèves pour illustrer et nourrir nos échanges.)

Atelier - Le travail dans la pédagogie

Cet atelier s’inscrit dans la volonté d’élaborer une pédagogie émancipatrice pour les classes populaires. On reviendra sur la notion du « travail » et de ses déclinaisons dans le travail scolaire et dans le travail salarié.
Comment utiliser la question du travail dans une pédagogie émancipatrice ? Cet atelier nous conduit à interroger le rapport de l’école au monde salarié, au syndicalisme comme force de transformation sociale et à partager des démarches pédagogiques proposant une conception subversive du travail.

Atelier - Des semaines interdisciplinaires en collège

Les semaines inter-disciplinaires se pratiquent dans plusieurs établissements de Seine-Saint-Denis. Deux équipes de collège présenteront leur organisation, leurs intérêts pédagogiques mais aussi les difficultés rencontrées. Quelques points importants pour comprendre de quoi on parle :

  • une ou deux fois par an, à la fin de chaque semestre, une semaine de travail sous forme d’ateliers est proposée aux élèves de ces établissements (souvent sur les classes de 6ème, 5ème et 4ème, les niveaux se mélangeant autour d’un même projet) ;
  • les projets sont élaborés par deux ou trois professeur-es qui apportent chacun-e leur manière de travailler, leur discipline et souvent aussi leurs envies. Ils donnent lieu à une réalisation concrète en fin de semaine (exposition, jeu, spectacle, etc.) ;
  • les objectifs sont multiples : appréhender une discipline par une « entrée » inédite (par exemple les mathématiques par l’art), dédramatiser l’apprentissage en le rendant ludique, décloisonner le système éducatif, faire découvrir aux collégien-es les finalités possibles de leurs apprentissages quotidiens, sortir des sentiers battus (et parfois des programmes) pour des projets ambitieux, travailler en co-animation pour se former les un-es les autres.

Atelier - Les conseils d’élèves dans le secondaire (Pédagogie institutionnelle)

Les conseils d’élèves existent au collège Courbet depuis maintenant 4 ans. Ils concernent 4 classes, de la 6ème à la 3ème. Ils ont lieu toutes les semaines, sur une heure dédiée. Cette pratique est issue de la pédagogie institutionnelle développée dans les années 1960 par Fernand Oury et Aida Vasquez.
Le conseil a plusieurs objectifs :

  • c’est un lieu de réflexion dans le but d’améliorer l’atmosphère de travail ;
  • c’est un lieu de parole ritualisée qui permet aux élèves d’une classe de parler de leur vie dans l’établissement : conflits, difficultés, réussites... ;
  • c’est un lieu de proposition : projets, sorties, organisation du travail des élèves, entraide... ;
  • c’est un lieu de décision : la classe discute, vote, prend des décisions concernant son organisation ;
  • c’est un lieu où le groupe attribue les « métiers élèves » et des « ceintures de comportement ».

Nous proposerons lors de l’atelier de raconter la mise en place progressive des conseils d’élèves dans l’établissement, de détailler l’organisation de ces conseils et leur impact sur la vie des élèves au sein de l’établissement, ainsi que sur la mise en place des "ceintures de comportements" et des autres "institutions" que nous avons commencé à installer cette année (quoi de neuf dans le monde, photo scientifique...). Venez partager nos expériences et nos surtout nos questionnements dans cette pratique toujours en mouvement !

Atelier - Construire un collectif de travail entre adultes

L’objet de l’atelier est de mettre en place un espace de travail collectif autour de la question du travail collectif.

  • Qu’est-ce que travailler à plusieurs ? A quoi ça sert ?
  • Comment travailler à plusieurs ? Quels obstacles à surmonter ?
  • Quels apprentissages sont nécessaires pour travailler en collectif ?
  • Comment trouver sa place dans un tel travail ?
  • Quels moyens ? Quels temps pour travailler ensemble ?

Nous chercherons au sein de l’atelier à faire partager nos habitudes de travail inspirées notamment de la pédagogie institutionnelle pour débattre et faire l’expérience, en situation, de la question du travail collectif.

Nous sommes un collectif qui se réunit depuis 2011 pour la création d’un collège public coopératif et polytechnique à Aubervilliers en 2017. Cette pratique du collectif nous permet d’élargir nos horizons pédagogiques tout en trouvant ensemble l’énergie d’expérimenter d’ores et déjà, dans nos collèges respectifs, des mises en œuvre pédagogiques ou des modes d’organisation de travail.