Communiqué de presse du mardi 9 juin.
La méprise n’est pas possible, la consigne ayant été passée parfois très explicitement : pour préparer la reprise des 4e et 3e ces prochaines semaines, il faudra sélectionner en priorité les garçons décrocheurs, aux dépens des filles décrocheuses. Dans le cadre des protocoles sanitaires actuels, si soixante places étaient disponibles dans un collège comptant soixante-cinq garçons et dix filles décrocheurs-ses en classe de 3e ou de 4e, les soixante garçons seraient ainsi prioritaires.
Ainsi, l’Éducation nationale donne l’ordre inacceptable car sexiste de faire cours aux garçons, tandis que les filles resteront à la maison.
Comment cela est-il seulement possible, alors que l’institution scolaire se targue de lutter contre les discriminations faites aux femmes ? A l’évidence, les statistiques du décrochage scolaire ne justifient rien. Même s’il y avait plus de garçons décrocheurs que de filles décrocheuses, ce qui reste à démontrer ; on ne voit pas en quoi cela implique de traiter différemment décrocheurs et décrocheuses.
Il n’y a malheureusement pas d’autre explication à ces consignes discriminatoires que l’imaginaire sexiste, classiste et raciste des personnes qui ont inventé de telles consignes. Sexistes à l’évidence car ces consignes renvoient en effet les filles décrocheuses, supposées plus sages, à la maison ; racistes et classistes car elles renforcent dangereusement les stéréotypes sur les jeunes garçons décrocheurs de Seine-Saint-Denis, personnes dangereuses qu’il faudrait vite renvoyer à l’école.
Gageons enfin que le caractère très masculin de notre hiérarchie ( Antoine Chaleix, directeur académique de Seine-Saint-Denis, Daniel Auverlot, recteur de l’académie de Créteil, Jean-Michel Blanquer, ministre) n’aura pas aidé à voir le problème.
D’ailleurs loin de se désolidariser des propos du chef d’établissement, le recteur de l’académie de Créteil les a justifié en s’appuyant sur les évaluations nationales et les chiffres du décrochage qui montreraient une « fragilité » plus grande des garçons, validant par là-même l’idée que la scolarisation des filles pourrait être sacrifiée à ce titre et qu’elles pourraient rester à la maison pendant que leurs camarades garçons retrouveraient, eux, les chemins de l’école.
Déscolarisation des filles, stigmatisation des garçons : Sud éducation 93 condamne fermement ces consignes illégales et soutient tous les personnels qui se mobiliseront contre leur application.