Depuis plus de six semaines le pays dans son ensemble est touché par une crise sanitaire sans précédent. La gestion de cette crise n’a pas été et n’est toujours pas à la hauteur des enjeux sanitaires et sociaux : les mesures tardives prises par le gouvernement s’ajoutent à la casse des services publics depuis plus de 30 ans et révèlent l’amateurisme et les logiques libérales du gouvernement Macron.
L’État s’est montré totalement défaillant et a soutenu les grandes entreprises en laissant la population la plus précaire subir de plein fouet les conséquences économiques de la crise sanitaire mais des initiatives locales de solidarité et d’entraide ont émergé dans plusieurs villes de Seine-Saint-Denis qui est aujourd’hui un des départements les plus touchés.
La majorité des établissements scolaires n’a pas su, ou pas pu jouer le rôle qu’ils auraient dû avoir :
⇒ fermeture totale et abrupte sans pouvoir préparer l’organisation pédagogique et matérielle de la période de confinement avec les élèves et les familles, notamment pour permettre les distributions d’ordinateurs et de tablettes, des connexions …
⇒ fausse continuité pédagogique qui laisse à croire que l’école n’est qu’un lieu de transmission de savoirs et non de co-construction dans les rapports aux autres (élèves et enseignant·es)
⇒ réouverture d’une école garderie pour remettre les parents au travail
Malgré ce contexte et les injonctions contradictoires du Ministère, des personnels de l’Éducation Nationale sont impliqués dans divers collectifs et associations d’entraide et de solidarité.
Ils et elles participent notamment à la distribution de denrées alimentaires pour les familles les plus précarisées.
Des réseaux de coordination se sont créés entre le monde de l’école et le monde associatif. Des centaines d’exemple de ces actions de solidarité auto-organisée par les habitant-es, dont beaucoup de jeunes et d’ancien·nes élèves, et les personnels des établissements scolaires peuvent être cités dans notre département.
Opérations de collecte et de distribution alimentaire
⇒ A Paris 8 St Denis, des personnels de l’université et le syndicat Solidaires étudiant-es de la fac ont fait appel au Secours populaire pour organiser une distribution de colis alimentaires pour les étudiant-es qui, ayant perdu les emplois qui leur permettent de vivre en faisant leurs études, n’ont plus les moyens de se nourrir.
⇒ Aux collèges Garcia Lorca et Dora Maar à Saint Denis avec des parents d’élèves des écoles primaires impliqués dans l’association « Dessines moi Pleyel »
⇒ Au collège Fabien à Saint Denis avec des parents d’élèves, des jeunes du quartier dont des ancien·nes élèves,des enseignant·es et l’association « l’écho des sans mot »
⇒ Au collège Diderot d’Aubervilliers distribution de nourriture achetée avec les fonds sociaux par le collège
⇒ Au lycée Jean Zay d’Aulnay-sous-bois : lancement d’une cagnotte en ligne pour soutenir les élèves et leurs familles en collaboration avec les CPE et le pôle médico-social du lycée et redistribution avec l’aide de l’association "La Chaîne Fratern’elles" d’Aulnay-Sous-Bois.
⇒ Au groupe élémentaire Pasteur/Calmette et au collège La Courtille (quartier SFC de Saint-Denis) distribution alimentaires, livraisons de repas et de courses avec une association de quartier et envoie de la liste des associations à toutes les familles par les enseignant·es.
⇒ Les Brigades populaires et les réseaux covid-entraide ont parfois utilisé les établissements scolaires pour des distributions sur les villes
⇒ Au groupe élémentaire Rachel Carson (quartier Stade de France à St Denis) : distribution de denrées alimentaires avec l’aide d’une association de quartier de La Plaine.
⇒ Récupération et fabrication de matériel de protection pour les soignant·es (collège Fabien, collège Courbet, lycée Bartholdi et Angela Davis...).
⇒ Le collectif Point Carré sur Saint Denis dans lequel des enseignantEs sont aussi impliquéEs a fabriqué des visières pour l’hôpital, les ephad et les associations de la ville
⇒ Fabrication de masques dans les ateliers de couture des Lycées professionnels Bartholdi de St-Denis ou d’Alembert à Aubervilliers.
L’école que nous voulons
Les établissements scolaires sont des espaces structurant à l’échelle locale rassemblant plusieurs centaines voire des milliers de personnes et de familles.
Nous avons aujourd’hui la possibilité de créer des alternatives dans notre département. Face à l’irresponsabilité gouvernementale mise au service du patronat et du capital, nous opposons la solidarité populaire.
Réunissons nous dans nos villes afin d’échanger entre les différents réseaux de solidarité, de consolider les liens qui se sont créés et de développer notre auto-organisation sur nos territoires !
L’école n’est pas seulement un lieu d’enseignement mais un lieu de socialisation et d’émancipation. L’école de demain doit être ouverte sur son quartier , doit participer à y développer des valeurs de solidarité, d’entraide, participer à l’auto-organisation du quartier en prenant en compte la réalité sociale.
Nous appelons à
⇒ inciter les directions à débloquer les fonds sociaux et la distribution de chèques alimentaire
⇒ multiplier les AG d’établissements et de villes, et mettre au centre des discussions la question sociale et la solidarité locale
⇒ développer les réseaux avec le tissu associatif et militant ainsi que les familles